Une philosophie en pratique
Il étudie la pensée de Michel Foucault,
Jacques Derrida, Pierre Bourdieu, Gilles Deleuze pour l’articuler à la
pratique clinique en thérapie individuelle et familiale. Il s’intéresse
aux travaux de G.Bateson, en particulier pour la réintroduction en
thérapie de la dimension temporelle. La narration devient une inscription sur une ligne de vie dont on reprend la liberté des choix.
« L’analogie textuelle »
permet de considérer l’interaction des personnes comme l’interaction de
lecteurs à propos de textes particuliers. L’évolution de l’existence et
des relations aux autres sont comme la lecture et l’écriture des textes
et chaque nouvelle lecture d’un texte est une nouvelle interprétation donc une nouvelle lecture.
Les aspects de l’existence qui tombent en dehors de « l’histoire dominante » (de la personne) sont des moments d’exception.
L’histoire dominante néglige ces moments au profit de changements
communs à tous les membres d’une catégorie sociale même s’ils
apparaissent de manière indépendante chez chacun d’eux.
Il s’agit de se séparer des « discours de vérité » qui assujettissent pour identifier des « savoirs unitaires »
en encourageant les gens à repérer les croyances qu’ils ont sur
eux-mêmes, sur les autres et sur leurs relations, croyances renforcées
et confirmées par la permanence du problème.
« les corps dociles deviennent des esprits animés » (Michael White)
Devenir dépositaire d’un savoir authentique sur sa propre vie redonne le pouvoir à la personne.
La thérapie
Elle prend une forme particulière appuyée sur des analogies topologique et textuelle
: des cartes et des récits. Les gens prennent une part active à la
narration de leur vie. Les blancs historiques se comblent dans le récit,
augmentant la cohérence de la trajectoire et la force du sentiment
d’être entier et présent au monde.
La pratique repose sur l’usage de la métaphore littéraire. « La
vie est considérée du point de vue de celui qui en fait le récit, elle
devient donc une histoire et son narrateur, la personne qui consulte, en
est l’auteur. L’identité du narrateur, forgée par son histoire, devient
une entité mobile qui peut se redéfinir au gré des narrations. Cette
conception narrative de l’identité constitue une véritable révolution en
psychologie » (Isabelle Laplante et Nicolas De Beer)
Le « Nouvel Auteur » de son existence
Les clients qui viennent en thérapie croient que les problèmes
rencontrés dans la vie sont le reflet de leur identité, de celles des
autres ou encore de celle de leurs relations. Cela conditionne tous
leurs efforts pour résoudre leurs problèmes, qui se solde par une
exacerbation des problèmes. Ils construisent alors une représentation d’eux-même centrée sur le problème,
qui devient le reflet de « vérités » sur leur nature, celle des autres
ou de leurs relations. Ils finissent par croire qu’ils sont le problème.
La thérapie narrative va tenter de les distancier de cette croyance pathogène.
La représentation finale du client est
celle d’un Soi souple et qui définit sa propre adaptation en fonction de
ses valeurs intrinsèques, mouvantes au gré de la complexité et de la
cohérence nécessaire à la vie.
En utilisant l’imagination, la personne devient le « nouvel auteur » de sa vie.
Les outils thérapeutiques
Globalement, la thérapie va suivre 3 mouvements :
- Définition de l’influence du problème sur la vie de la personne : tracer la carte d’influence du problème, identification du problème à externaliser,
- Découverte de l’influence de la personne sur la vie du problème : dresser la carte de l’influence des gens, délimitation des moments d’exception, redéfinition de Soi et des relations avec les autres.
- Mise en oeuvre d’actions de changement : définition des contres-mesures.
La conversation thérapeutique
cherche à aider la personne qui consulte à retrouver sa capacité
d’action dans sa vie, reprendre l’initiative, redécouvrir ses ressources
et capacités qui se sont trouvées dissimulées par une « histoire
préférée ».
Le « récit dominant »
occulte les autres histoires possibles (contre-exemples) qui pourraient
être écrites à partir d’autres évènements laissés de côté car
invalidant l’histoire dominante
La re-négociation des relations avec des personnes significatives de la vie du patient fournit des ancrages pour réécrire une « histoire préférée«
L’aboutissement est l’écriture d’une
nouvelle histoire, non plus à l’insu du client mais en expression de sa
liberté et de ses choix, découverte de nouvelles relations et d’une
identité auto-référencée.
Michael White explique ainsi la pratique des la thérapie narrative :
« Une thérapie qui se situe dans le contexte du mode de pensée narratif prendrait une forme qui :
- privilégie l’expérience vécue de la personne;
- favorise la perception d’un monde changeant, en reliant l’expérience vécue à la dimension temporelle;
- fait appel au mode subjonctif dans le déclenchement de présuppositions, la mise en place de significations implicites et dans la genèse de perspectives multiples;
- encourage la polysémie et l’utilisation du langage ordinaire, poétique et pittoresque dans la description de l’expérience et dans la construction de nouvelles histoires;
- invite à une position réflexive et à la reconnaissance de sa participations dans les actes interprétatifs;
- encourage chacun à développer le sentiment d’inventer ou de réinventer sa vie et ses relations quand il raconte et re-raconte sa propre histoire
- reconnaît que les histoires sont co-produites et sont des tentatives pour établir les conditions dans lesquelles le « sujet » devient un auteur privilégié;
- insère constamment les pronoms « je » et « vous » dans la description des évènements
(Les moyens narratifs au service de la thérapie, 2003, éd fr, p.83)
Les outils narratifs sont multiples et n’ont comme limite que la créativité des thérapeutes.
Ils comportent : des lettres d’invitation, lettres de licenciement,
lettres de prédictions, lettres de réponse, lettres de recommandation,
lettres courtes, lettres employées comme narration, lettres d’histoires
de Soi, contre-documents (certificats, déclarations, auto-certification,
etc…
Lectures conseillées :
Vidéo empruntée au site du Dulwich Centre
Article écrit par Frédéric BERBEN
Psychologue clinicien, Psychothérapeute, Hypnothérapeute
Cabinet : 135 Rue du Ponceau, 53000 Laval. Tel : 06 78 24 44 45. Mail : cabinet.berben@orange.fr.
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