Salvador MINUCHIN a
d’abord été influencé par Nathan.W.Ackerman. Puis il a coopéré avec Jay
Haley et leurs modèles (structural et stratégique) ont beaucoup de
points communs.
Mais dans leur représentation hiérarchique de la famille, Minuchin accorde une place importante à la « direction exécutive » des parents, fonction hiérarchique définie comme une compétence spécifique, liée à un rôle qui engage la responsabilité.
Le modèle structural se réclame de la première cybernétique.
Le thérapeute observe de façon neutre l’espace familial et les
« danses » qui s’y déroulent. Il observe la configuration familiale en
se focalisant sur les distances et les frontières, le symptôme étant le « marqueur » d’une structure dysfonctionnelle.
Pour Minuchin, le symptôme révèle comment chacun des membres de la famille se positionne par rapport au patient désigné.
Ce dernier organise la mise en scène de la structure familiale que le
thérapeute s’efforce ensuite de déstabiliser afin de favoriser la
disparition du symptôme.
La structure
Les membres d’une famille sont reliés ensemble et leurs relations ont des séquences
souvent implicites mais prévisibles. Les interactions familiales
s’inscrivent ainsi dans un canevas préétabli, la structure de la
famille.
Les règles
Les configurations des transactions
exercent une régulation sur le comportement des membres de la famille,
lequel est maintenu par deux systèmes de contraintes :
l’un général (lois globales, interdépendances, hiérarchie), l’autre
spécifique (propre à cette famille particulière avec ses modes
d’attentes réciproques)
Les sous-systèmes
Individu, couple, fratrie sont des
sous-systèmes qui sont définis par la génération, le sexe, l’intérêt ou
la nature des tâches à remplir. Ces sous-systèmes sont de nature
temporaire et se construisent sur un projet commun et des alliances
passagères. Les sous-systèmes ne se réduisent pas à des définitions
biologiques, un père par exemple peut très bien dans la famille faire
partie du niveau de la fratrie…
Pour Minuchin, il existe une hiérarchie dans la famille déterminée en fonction des différents niveaux de responsabilités et d’obligations. Les parents ont beaucoup de pouvoir, ils ont aussi beaucoup de responsabilités.
Les frontières
Ce sont les règles qui définissent qui
participe aux transactions familiales et comment se passe cette
participation. Chaque sous-système assume des fonctions particulières et
adresse des demandes spécifiques. Des frontières sont donc nécessaires
pour maintenir l’autonomie à l’intérieur du système, protéger de l’ingérence des sous-systèmes et préserver la différenciation des membres.
C’est pourquoi la clarté des frontières est un paramètre important pour évaluer un fonctionnement familial.
Chaque famille peut être située sur un axe allant de l’enchevêtrement (frontières interpersonnelles diffuses) au désengagement (rigidité totale des frontières)
La famille désengagée,
au contraire, voit ses frontières trop rigides. Des variations de
comportements sont tolérées, le sentiment d’appartenance est si ténu que
les membres de la famille ne se perçoivent par interdépendants et ne
peuvent demander l’aide et le soutien dont ils ont besoin. La
communication interpersonnelle est difficile, les fonctions protectrices
peu exercées. Les difficultés tendent à garder un caractère individuel
de plus en plus marqué au fur et à mesure que la tension monte.
Dans les deux formes de système, les difficultés surgissent à chaque fois que la famille doit s’adapter. La famille enchevêtrée va répondre de façon immédiate et excessive, la famille désengagée va rester sans réaction.
La « normalité » se situe dans une famille aux frontières claires, ni diffuses, ni rigides.
Le thérapeute aide à l’assouplissement de ces frontières.
La carte familiale
C’est le schéma d’organisation de la
famille à un instant T qui figure les frontières rigides, claires ou
diffuses, les affiliations et associations, les coalitions, ruptures et
implications.
L’espace thérapeutique
MINUCHIN favorise la mise en acte
(enactment) des échanges familiaux. Il les fait changer de place, il
les rapproche, les éloigne, gesticule pour faire la circulation…il
restructure la géographie de la salle de thérapie en transformant les
distances interpersonnelles.
Des tâches peuvent poursuivre à la maison cette redistribution des espaces.
La complémentarité
Dans les familles, les membres
s’ajustent les uns par rapport aux autres. Face à une maman
surprotectrice, par exemple, le fils adoptera des comportements
infantiles. Cette fonction permet aux systèmes de fonctionner
harmonieusement.
Les méta-systèmes
La famille évolue au sein de contextes
qui l’englobent : la famille élargie, la famille d’origine, les groupes
d’appartenance, les institutions…
Le système thérapeutique
est un autre méta-système où se déroulent des expériences structurales
inhabituelles qui vont élargir le champ des processus appris vers un
mieux-être.
Le système tend à se perpétuer et ses
modes de fonctionnement cherchent donc à rester constants. C’est ce qui
permet le développement du sentiment d’appartenance. Mais la famille est
confrontée également à d’incessantes exigences de changement.. de
nouvelles configurations transactionnelles doivent ainsi sans cesse se
mettre en place.
La famille fournit un creuset essentiel pour le développement des individus dans la mesure où le système propose à la fois un sentiment d’appartenance et un sentiment de séparation. Elle permet donc le ressenti d’une identité individuelle et une initiation aux outils de socialisation.
La thérapie
Il s’agit de changer l’organisation de
la famille, une stratégie centré sur le présent. Le thérapeute fait
partie du système thérapeutique et agit pour le modifier en séance.
Il procède en 3 étapes :
- Affiliation active (joining) à la famille.
- Evaluation de la structure familiale.
- Transformation de cette structure.
Les trois mouvements sont simultanés.
Au sein de la structure dysfonctionnelle, le thérapeute sonde les endroits plus adaptables et souples. Le coup de sonde
devra s’accompagner d’une intervention de restructuration car le
thérapeute aura créé une crise, une rupture dans l’homéostasie.
Il existe de nombreuses opérations de restructuration :
- Mettre en acte en séance : cela permet aux membres de la famille de mieux ressentir les interactions tout en dégageant le thérapeute.
- Jouer sur l’espace : utilisation de l’espace de manière métaphorique.
- Délimiter les frontières : en séances et à la maison. Minuchin estime indispensable en particulier que s’épanouissent dans des frontières claires les sous-systèmes parental et de fratrie. Il est possible d’imposer et de renforcer ces frontières en travaillant avec tel ou tel sous-système.
- Dépasser les stress : empêcher les configuration transactionnelles habituelles, expliciter les conflits implicites, établir des coalitions temporaires…
- Donner des tâches thérapeutiques : créer de nouveaux cadres de fonctionnement. Le thérapeute indique comment les membres de la famille devront communiquer en indiquant le cas échéant une manipulation de l’espace qui dramatisera les transactions familiales en symbolisant la nécessité du changement. Il pourra prescrire des devoirs à faire qui maintiendront le thérapeute présent à la maison.
- Utilisation du symptôme par renforcement et saturation.
- Utilisation de l’ambiance affective : après affiliation, le thérapeute peut amplifier le style émotionnel de la famille pour obtenir une rétroaction adaptative.
- Apprentissage : par le soutien et la guidance, le thérapeute aidera les membres de la famille à s’ajuster et à confirmer les autres dans leurs rôles respectifs. Quand les membres responsables seront en incapacité de jouer leur rôle, le thérapeute devra les suppléer momentanément.
Luigi ONNIS et Mara SELVINI PALAZOLLI
présentent des modes d’intervention et de modélisation relevant de
l’approche structurale. M.Selvini renforce les frontières et modifie les
distances dans la famille, travaille à l’architecture et à
l’articulation des sous-systèmes.
Conseils de lecture :
ici là
Article écrit par Frédéric BERBEN
Psychologue clinicien, Psychothérapeute, Hypnothérapeute
Cabinet : 135 Rue du Ponceau, 53000 Laval. Tel : 06 78 24 44 45. Mail : cabinet.berben@orange.fr.
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