samedi 12 octobre 2013

Une nouvelle éthique thérapeutique

Ce qui guide aujourd’hui mes pas



Le changement



Les gens viennent en thérapie avec une souffrance, un inconfort, une perturbation. Ils sont forcément motivés à ce que leur situation change vers davantage de bien-être.
Ils ont des résistances au changement, donc les thérapeutes ne doivent pas alimenter ces résistances mais les faire sauter.
Ils doivent accompagner les personnes pour qu’elles expérimentent elles-mêmes le changement.
Cela doit se faire en séance et se prolonger à la maison (thérapie du mouvement et prescriptions de tâches de changement). On recherche l’insight et je favorise toutes les techniques qui le permettent.

La présence

La rencontre avec l’homme et l’œuvre de François Roustang a achevé de me convaincre que la thérapie n’est pas dans nos bla-bla et autres stratagèmes techniques mais réside dans notre propre présence au monde. Un thérapeute déséquilibré dans sa vie et dans son corps va témoigner d’une présence dépourvue de centre de gravité. Un thérapeute moribond imprime une thérapie souffreuteuse.
Que l’on parle de transmission d’humanité (B.Fourez) ou de présence totale ici et maintenant (F.Roustang), il s’agit bien dans la thérapie avant tout d’adopter une posture.
Donc il convient de se déterminer une ETHIQUE (ensemble des valeurs qui nous définissent)
Particulièrement en choisissant de travailler avec l’approche éricksonnienne, l’influence du thérapeute est majeure, il faut donc pouvoir la connaître pour l’orienter.

Les ressources

Il ne suffit pas de clamer que l’on travaille sur les ressources et les compétences des gens, encore faut-il aller les chercher et les potentialiser dans le cours de la séance. Cela se concrétise pour moi par une quête des exceptions au problème et l’utilisation de la question miracle dès la première séance, des tâches de recherche des savoir-faire et savoir-être au monde, l’amplification des zones du corps confortables, des sensations de bien-être qui traversent souvent furtivement les séances, etc…
Toutes les techniques de thérapie brève et surtout l’hypnose me sont alors d’un grand secours.

L’harmonie

Nous savons tous maintenant avec E.Morin et les théoriciens de la systémique de 3ème génération que depuis le 17ème siècle, la science a scindé l’individu occidental en deux parties : celle qui pense, consciente et fiable et celle qui ressent des passions, inconsciente et pathogène.
Or les patients souffrent à tous les niveaux en même temps et ils ne sont pas coupés en deux. Les thérapeutes non plus d’ailleurs.
Les avancées majeures en neurosciences et en génomique montrent que nos sensations parviennent plus rapidement à notre cerveau que nos pensées. La communication non-verbale est celle qui conduit tous nos contacts au monde extérieur. Les hormones, les transformations mêmes de notre réponse identitaire par la plasticité cérébrale et génomique se font dans une osmose corps/pensée, inévitable et immédiate.
Ainsi, des cliniciens comme G.Brosseau créent une hypnose instantanée qui par des nano-inductions sensorielles réinitialisent notre ressenti corporel, l’harmonisent et contribuent à redéfinir notre présence au monde en se sentant vraiment vivant.
E.Rossi (ayant travaillé 20 ans avec Erickson) utilise une hypnose articulée à la plasticité neuronale et génomique aux effets extraordinaires. Il a réussi à récupérer totalement ses fonctions après deux AVC en travaillant sur lui-même à la recréation de réseaux neuronaux et musculaires. Erickson avait fait de même pour survivre à deux crises majeures de polyo…

Les expériences

Erickson insiste beaucoup avec ses patients sur les apprentissages. Pour lui, il est nécessaire que le patient s’appuie sur ce qu’il sait déjà faire, ce qu’il a déjà appris (le vélo, la nage, respirer…) pour mener à bien de nouveaux apprentissages.
Les neurosciences nous apprennent que la mémoire n’est pas constituée de souvenirs classés et rangés mais de faisceaux d’information qui se reconnectent, se perdent s’ils ne sont pas activés, peuvent s’enrichir de nouvelles entrées. Se souvenir, s’est reconstruire à chaque fois quelque chose de nouveau.
Pour survivre, il faut s’adapter, pour s’adapter, il faut apprendre, c’est le propre du vivant. Et pour apprendre, il convient d’expérimenter. Les études montrent que la mémorisation d’une information pertinente de l’environnement est 10 fois plus importante si cette information a été vécue que si elle a été seulement parlée. Et l’augmentation est encore plus forte si l’information a été expérimentée polysensoriellement.
Plus le nombre de sensorialités est élevé dans l’expérimentation de la vie et plus l’expérience est mémorisée puis traitée par le cerveau.
Il faut donc faire des thérapies expériencielles et autant corporelles que verbales. Je m’inspire beaucoup des thérapies d’impact, construites à partir de la gestalt, de la pnl et des thérapies brèves par Danie Beaulieu.

La complexité

On connait les changements de type 1, 2 et 3 de Watzlawick. Si des chasseurs n’ont plus rien à manger :
  1. Je leur donne du poisson
  2. Je leur apprends plutôt à pêcher
  3. Je leur apprends à fabriquer des cannes à pêche.
C’est ce degré ultime de complexité qui est visé en thérapie. Le but est de permettre une redéfinition de la présence au monde, un rééquilibrage de soi qui dépasse de loin l’apaisement du symptôme.
Pour comprendre la complexité, il faut travailler entre autres l’œuvre d’Edgar Morin et saisir son approche intégrative d’une nouvelle épistémologie scientifique. Sa « méthode » est la référence essentielle. Vous trouvez sur ce site beaucoup de vidéos  en plus d’un powerpoint.
Ce que j’en construis pour ma pratique :
  • L’infiniment grand est dans l’infiniment petit et vis-versa. Tout est contenu et connecté à tout. Donc on se fout totalement de l’endroit où on va amorcer un changement, ce dernier est multimodal et centripète (il se propage, diffuse)
  • L’être humain est d’abord un être vivant. Il doit se connecter avec sa partie vivante, pas seulement avec sa partie pensante. Ca pense, ça ressent et ça vit en même temps et tout le temps.

Le Quantique

Les théories de la relativité ont révolutionné la physique moderne, la physique des particules et maintenant les découvertes en astrophysique mais aussi la thermodynamique contribuent à façonner pour moi une nouvelle approche de la thérapie :
  1. La dimension énergétique de la personne, la répartition de ses flux dans son corps, son Ki, sa connexion avec sa dimension cosmique, sa participation au temps et à l’espace autour de lui…
  2. La dimension spatiale et temporelle relative. Nous avons fait des choix, pris des chemins mais contrairement à la croyance cartésienne et newtonienne, la physique quantique nous apprend que tous les chemins continuent à exister comme des univers parallèles. Il suffit de faire rebifurquer notre route pour croiser un chemin non choisi dans le passé. De même des éléments d’un autre temps et d’un autre espace viennent sans cesse retraverser notre vie et ce sont autant d’expériences de multiplicité, de synchronicité et de synergie.
Les âges internes explorés et utilisés en hypnose sont directement issus d’une lecture quantique de la thérapie. Je n’ai pas que l’âge de ma carte d’identité, j’ai aussi d’autres âges intérieurs et ils sont tous là en moi en même temps, combinés, se rencontrant avec les âges des autres autour de moi.
On comprend également l’avantage de faire vivre aux patients des expériences de dissociation où les multiples facettes de lui-même peuvent se rencontrer, collaborer, se neutraliser…

L’interne individuel virtuel

Même si je reçois un couple pour une thérapie systémique relationnelle, je n’oublie pas que la souffrance est avant tout individuelle, ainsi que la demande.
Pour moi, l’individu est premier. Si je l’oublie au profit du tout relationnel, la thérapie est foutue.
Ensuite, je cherche à activer le remaniement de la définition que le patient se fait de son monde (thérapie constructiviste) et principalement de son monde interne.
Je vais booster au maximum sa créativité, déstabiliser le système après avoir construit un joining serré.
La dynamique de la thérapie passe en alternance de l’exploration interne de son équilibre positif et confortable à une nouvelle définition de la relation contextuelle par expérimentation (tâches).

Le secret de l’intime

C’est une des révolutions dans la pratique du thérapeute les plus difficiles à réaliser. Le changement va avoir lieu et je n’ai pas à en connaitre ni le contenu, ni les causes, ni les rouages.
Il m’importe seulement d’avoir fait des choses pour que le changement souhaité par le patient advienne.
Je me moque complètement qu’il ait compris ou pas ce qui s’est passé pour lui. L’important est qu’il ressente une nouvelle zone de confort qui lui procure un bien-être dans sa nouvelle existence. C’est cela et seulement cela que je vais valider avec lui. Et lorsque cela est atteint, la thérapie est terminée.
Par conséquent, une excellente thérapie peut très bien durer trois séances.
Mes deux adages :
« La vie, ça ne se pense pas, ça se vit »
« De la vie, dans la vie, pour la vie »
(HORACE)
Article écrit par Frédéric BERBEN
Psychologue clinicien, Psychothérapeute, Hypnothérapeute
Cabinet : 135 Rue du Ponceau, 53000 Laval. Tel : 06 78 24 44 45

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